mercredi 30 décembre 2015

Dernier vol

Si toi z'aussi, mon âme,
du fond de ta langueur
tu rêves d'un ailleurs
à la portée des yeux...
et si jaloux, envieux,
mon coeur aussi tu cibles
un bonheur accessible
lointain mais bien présent,
oseriez-vous pourtant
 mon âme et coeur étranges
prendre à l'instar des anges
le parti des pétales
qui s'arrachent fatales
pour un dernier envol?

Préférez-vous le sol,
humus au parfum sûr,
à l'immense aventure
que la passion propose?
Ou l'attente morose
d'un avenir écrit
vous fait naître l'envie
vous fait germer la rage
d'en arracher les pages
pour en faire des ailes
sous la poussée desquelles
quitter sans un regard
ce pesant tintamarre
pour un dernier envol?

Atteindre les atolls
à l'autre bout du monde 
chercher une eau profonde
et s'y vouloir couler?
Atteindre les contrées
blanchies de l'Alaska
porter à bout de bras
des sacs d'or des sacs d'or?
Monter plus loin encore
se hisser sur la brume
jusqu'à brûler ses plumes
à l'astre aux mille foudres
et se laisser dissoudre
lors de son dernier vol?

Ou bien ivre d'alcools
téméraire inconscient
suivre la voie du sang
et du désir brutal
puis, quitte à faire mal,
blesser l'autre avec soi
dans un besoin d'émoi
dans l'espoir d'un frisson?
Non, mon coeur, cent fois non,
mon âme, non, pas plus:
pense à mon corps perclus:
qu'il rampe heureux sur terre
bercé par ses prières
d'oser encore un vol.

Mon corps est un bémol
qui minore la gamme.

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