jeudi 2 janvier 2014

La nouvelle

Elle est tombée 
comme tombe la branche alourdie par l'hiver
comme cogne le fer de la masse sur le pieu
comme chutent les vieux dans la rue verglacée
Elle a frappé
comment frappe le froid les doigts gourds du mendiant
comme brise les dents la crosse du fusil
comme broie le silence et la haine détruit

Elle m'a saisi
enlacé dans ses liens comme des barbelés
comme l'homme à la mer se retrouve gelé
comme craque sous le piège le cou de la souris

Elle m'a vieilli
comme un siècle s'écoule entre deux rendez-vous
comme on voit se ternir un collier sur le cou
comme un livre s'endort sous un drap de poussière

Elle m'a couvert
de honte de douleur et de questions obscènes
d'une horreur grise et cendre sur un manteau de vent
comme voile qui couvre un mystère trop grand

Elle est tombée la terrible nouvelle
et c'est de tes lèvres si souvent mordues
et c'est de ta voix si souvent entendue
c'est de ta bouche qui m'a tant parfumé
que je l'ai sue

Elle est tombée la terrible nouvelle
me voici tout seul ayant connu la chance
me voici pauvre ayant connu l'aisance
me voici moi ayant été Byzance
me voici moi
me voici rien privé de ta présence