lundi 12 juillet 2021

A la crique inaccessible

Les livres un par un ou par paquets 

je les ai semés chez les amis

chez leurs enfants

comme on offre des bouquets 

d’espérance langagière.


Les tableaux sont partis

et ornent désormais des murs

et des cloisons de maisons en plâtre 

couleurs et traits sur du plat blanc.


Les derniers contrats échus 

je ne les ai pas renouvelés, 

les collègues au rire amical

j’en ai pris congé sans lendemain,

inscrits au passé en un fragment d’adieu.


Sur les bords des chemins

qui menaient à mon rêve 

je me suis dépouillé de ma

carapace dernière 

pour te venir frêle et nu,

la rose des vents tatouée dans les tripes.


Léger léger léger 

comme semble léger le ricochet de granit poli

je bondissais d’arbre en roche

et de sentier en flaque d’embruns.


Je t’attendis longtemps

sous l’ardeur de midis successifs

affûtant la stridence des yeux

dans la cadence des mouettes

qui affolaient notre rendez-vous

à la crique inaccessible.