Les livres un par un ou par paquets
je les ai semés chez les amis
chez leurs enfants
comme on offre des bouquets
d’espérance langagière.
Les tableaux sont partis
et ornent désormais des murs
et des cloisons de maisons en plâtre
couleurs et traits sur du plat blanc.
Les derniers contrats échus
je ne les ai pas renouvelés,
les collègues au rire amical
j’en ai pris congé sans lendemain,
inscrits au passé en un fragment d’adieu.
Sur les bords des chemins
qui menaient à mon rêve
je me suis dépouillé de ma
carapace dernière
pour te venir frêle et nu,
la rose des vents tatouée dans les tripes.
Léger léger léger
comme semble léger le ricochet de granit poli
je bondissais d’arbre en roche
et de sentier en flaque d’embruns.
Je t’attendis longtemps
sous l’ardeur de midis successifs
affûtant la stridence des yeux
dans la cadence des mouettes
qui affolaient notre rendez-vous
à la crique inaccessible.