Parce que tu te penses pauvre, tu jettes dans le bac du non recyclable la poésie, la poésie belle et gratuite qui ne demande rien à personne, mais qui te prend du temps. Et le temps, comme tout le monde sait, …
Parce que tu te penses pauvre, tu passes ton chemin devant la main tendue pour rien, la main qui veut à peine être effleurée pour se sentir vivre sans raison. Et la raison, c’est bien connu, …
Parce que tu te penses pauvre, tu mets en balance tes mots, des mots qui pour toi affichent un prix, des mots qui pour d’autres chaussent deux ailes pour survoler les boues. Mais voyager, c’est bien connu, …
Parce que tu te penses pauvre, tu tailles tes branches de bonsaï, tu brises tes vitraux de libellule, tu enfermes les vaines coccinelles sous ta cloche en verre et sous vide. Mais le verre, tu sais, …
Moi, qui me sens riche, je jette sans compter les verbes les noms et les épithètes alambiqués aux oreilles qui me tympanent, aux cerveaux qui se surprennent dans l’air qui nous atmosphère.
Et je pose des questions qui n’ont ni sens ni raison ni ceinture de sécurité, ni parapluie, et qui risquent, pour tout danger, d’ouvrir des cages à l’inattendu. Mais c’est sûr, l’inattendu…
Pourtant tu n’es pas plus pauvre que je ne suis riche. D’où vient alors que la poésie, la belle invention poétique tranquille, soit pour l’un flamme de joie, soit pour l’autre argument inutile?