mercredi 11 novembre 2015

Jason

Si je pouvais comme Jason rapporter la toison magique
j'inverserais le cours des jours navigant d'aval en amont
Et s'il fallait pour te revivre bâtir une autre Babylone
on me verrait avec les ongles tailler des blocs de granit bleu

Je voudrais tant et tant te dire
quitte à mourir une première fois
la vie sur terre sans ton rire
c'est la pluie froide sur le verglas

Et s'il faut conquérir demain Jérusalem et la Terre Sainte
j'irai désépulcrer sans crainte les rois les croisés d'autrefois
Et si je dois pour te renaître courir cent fois le tour du monde
la lune ronde fera les yeux ronds de me voir nu dans les blés

Je voudrais tant te la redire
tant pis si c'est mon dernier chant
cette berceuse aux airs d'enfance
pour t'endormir au creux de moi

Si je dois tomber un par un tous les pins des forêts des Landes
on entendra dedans l'Irlande les merles comptant les sommets
Et s'il faut finir dans le noir pour te revoir un quart d'instant
j'arracherai avec les dents mes yeux noyés de te vouloir

J'aimerais tant que tu ne gardes
de ce désert où tu n'es plus
que ce vieux cœur sec qui te garde
dans ce désert où tu n'es plus

Et s'il me faut pour t'espérer marcher jusqu'aux deux Amériques
j'assécherais de mes baisers l'Atlantique et ses eaux salées
Si je pouvais te refleurir, t' éclore encore une demie-fois
l'enfer serait moitié moins froid, l'hiver serait un peu moins pire

Je voudrais que tu me pardonnes
mais mon exil commence là
je ne suis pas de ton voyage
j'aimerais tant j'aimerais toi
j'aimerais tant que tu me trembles
quitte à mourir une dernière fois
que ma voix te frissonne ensemble
je ne suis qu'un cheveu de toi.

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