mardi 20 décembre 2022

Pauvre

Parce que tu te penses pauvre,
tu jettes dans le bac du non recyclable
la poésie, la poésie belle et gratuite
qui ne demande rien à personne,
mais qui te prend du temps.
Et le temps, comme tout le monde sait, …

Parce que tu te penses pauvre,
tu passes ton chemin devant
la main tendue pour rien, la main
qui veut à peine être effleurée
pour se sentir vivre sans raison.
Et la raison, c’est bien connu, …

Parce que tu te penses pauvre,
tu mets en balance tes mots,
des mots qui pour toi affichent un prix,
des mots qui pour d’autres chaussent
deux ailes pour survoler les boues.
Mais voyager, c’est bien connu, …

Parce que tu te penses pauvre,
tu tailles tes branches de bonsaï,
tu brises tes vitraux de libellule,
tu enfermes les vaines coccinelles
sous ta cloche en verre et sous vide.
Mais le verre, tu sais, …

Moi, qui me sens riche, je jette
sans compter les verbes les noms
et les épithètes alambiqués
aux oreilles qui me tympanent,
aux cerveaux qui se surprennent
dans l’air qui nous atmosphère.

Et je pose des questions qui n’ont
ni sens ni raison ni ceinture
de sécurité, ni parapluie,
et qui risquent, pour tout danger,
d’ouvrir des cages à l’inattendu.
Mais c’est sûr, l’inattendu…

Pourtant tu n’es pas plus pauvre
que je ne suis riche. D’où vient
alors que la poésie, la belle
invention poétique tranquille,
soit pour l’un flamme de joie,
soit pour l’autre argument inutile?

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